Ce matin, jour un peu exceptionnel, je prend le train à Reims pour rejoindre Rethel, d’où je gagnerai Attigny.
J’ai choisi de prendre le train de 7h35 pour arriver à Rethel à 7h57 au lever du jour.
J’arrive à la gare de Reims à 7h10, le train n’est pas encore affiché, 7h15 le train est affiché quai E.
Ascenseur pour descendre dans le souterrain ascenseur pour remonter.
Le train est là. Je monte dedans. A peine installé, le train démarre. Mince, je suis dans un train pour Epernay !
Heureusement, il s’arrête à une autre gare à Reims, la gare Franchet d’Esperey.
Je descends, j’ai 2,5 km à faire pour rejoindre la grande gare de Reims.
Je me dépêche pour essayer d’arriver avant 7h35 à la gare. Je suis à 7h37 sur le quai. Le train est déjà parti.
Heureusement Retel est bien desservie entres les trains pour Charleville-Mézières et ceux pour Sedan.
Le train suivant est à 8h. Il part à 8h03. On aime bien des fois quand le train part en retard.
Ceci dit, je suis à 7h24 à Rethel, j’ai « perdu » 27 minutes, et gagné un souvenir supplémentaire.
Pourquoi aller à Attigny.
Tout simplement parce que Fernand a été mobilisé dès le dimanche 2 août 1914.
Il arrive à Angers le 3 août et est immédiatement incorporé dans la compagnie 10/13 du 6e régiment du Génie.
Le 11 août 1914, la compagnie 10/13 quitte Angers par le train et débarque à Attigny le 12 août où elle rejoint les autres éléments de la 60e Division.
La division monte en Belgique pour bloquer l’avancée allemande qui a envahi la Belgique.
La compagnie 10/13, venant d’Etrépigny, traverse Donchery, le 18 août et, évitant Sedan, va bivouaquer à .Saint Menge après 18 kilomètres de marche avec 35 kilos de bagages, 30 kg de sac à dos (l’as de carreau) et le fusil Lebel 4,5 kg.
Le 19 août, elle quitte Saint Menge à 6h20 et défile à 8h en rang par quatre à la borne frontière d’entrée en Belgique.
Le soir elle couche à Alle après une étape de 21 km et avoir construit des tranchées défensives devant le pont sur la Semoye.
Mon itinéraire ne sera pas tout à fait le même, ce serait dommage ne ne pas visiter Sedan et j’ai des impératifs d’hébergement et de longueur d’étape
En rouge, mon itinéraire aujourd’hui. En bleu, l’itinéraire de la compagnei 10/13 du 12 au 19 août 1914, sachant qu’en arrivant à Attigny, la compagnie a commencé par aller bivouaquer à l’ouest de Rethel avant de repasser par Attigny et de partir vers le nord.
Fernand (ou ses parents) n’a laissé aucune lettre sur cette première partie de la guerre. Les premières lettres conservées datent de mars 1915.
On ne sait donc pas trop quel était son état d’esprit dans cette première phase de la guerre,
le 29 juillet 1915, à occasion du premier anniversaire de l’entrée en guerre, il écrit :
« je pourrais vous dire également qu’au moment où vous recevez ladite présente nous serons très probablement entrés dans notre deuxième année de guerre.
Chimène, qui l’eut dit, Rodrigue, qui l’eut crut
En plus de cette nouvelle, je pense aussi porter à votre connaissance que – à part de rares moments – je ne m’amuse pas par ici de façon folâtre et que je désire vivement bénéficier d’une permission dont je vois de moins en moins la date. »
Il revient plus complètement sur cette entrée en guerre à l’occasion du deuxième anniversaire le 27 juillet 1916, il écrit :
» Mers chers parents,
Deux années se sont écoulées depuis que les les premiers bruits de guerre sont venues jeter une
première terreur sur l’humanité.
En tout cas je puis dire que cette première terreur ne m’a pas atteinte. Ah mais pas du tout car s’il est un être au monde que ces menaces de guerre ne troublaient pas, c’est bien moi bien sûr.
Si jamais je croyais à la guerre !
Si en cette fin de juillet je croyais qu’il y aurait au monde des volontés assez monstrueusement
criminelles pour déchaîner le conflit.
Si je croyais que cette volonté existante il n’y aurait pas une intervention des autres principales
puissances pour arrêter le cataclysme alors qu’il en était encore temps.
S’il est un homme au monde qu avait des belles illusions qu’il a perdues c’est bien votre fils mes
chers parents.
Il y a 2 ans hier j’étais à Talmont. Forcément c’était l’unique sujet de conversation. Et j’étais très consulté. L’homme de la ville, garde quand même toujours une certaine supériorité sur le rural. On me demandait mon avis bien entendu. Et moi de rire. Je m’en souviens comme si c’était hier.
« Dormez tranquille ma petite mère Voisin. Si c’est là votre seul sujet d’inquiétude vous n’êtes point femme à plaindre » Et je disais pourquoi la guerre était impossible.
Et il s’est trouvé un homme ou plutôt un parti pour avoir voulu cette chose-là de sang-froid. Et il ne s’est pas trouvé une voix, pas une, pour oser flétrir cette odieuse agression. Et cela parce que l’agresseur semblait invincible. Et s’il avait été vainqueur chacun lui aurait fait compliment de son acte.
Ah oui je le disais encore ces jours-ci. Faut-il que l’homme soit mauvais ! Deux années de guerre.
Et quand la fin !
Dans l’attente de la permission imminente, de 7 jours
Enfin en attendant je suis tout au plaisir de ma permission de 7 jours. Elle ne saurait désormais tarder.
Je vous embrasse
Fernand «
En gare de Reims ce matin
Dans le train de Rethel à Reims
La gare de Rethel.
Face à la gare de Rethel.
Humour à Rethel.
Paysage côte gauche !
Paysage côté droit ! Je longe l’Aisne.
Attigny. Ce bourg a eu une certaine importance au Haut Moyen Âge, comme lieu de résidence de rois mérovingiens puis de rois et empereurs carolingiens ainsi que lieu de conciles.
Attigny. Ce bourg a eu une certaine importance au Haut Moyen Âge, comme lieu de résidence de rois mérovingiens puis de rois et empereurs carolingiens ainsi que lieu de conciles.
Hôtel de Ville d’Attigny.
La gare d’Attigny où débarqua la compagnie 10/13 (dont Fernand, mon grand-père) du 6e régiment du Génie au sein de la 60e division.
A partir de Suzanne, en approchant de Tourteron, ça commence à grimper, et sur le coteau poussent des vergers.
A priori, ce sont des pommiers. Mais quelques arbres sont restés chargés de fruits, vu de loin difficile d’être sûr que ce sont des pommes, elle seraient petites. Et pourquoi sur un arbre parmi beaucoup d’autres ?
Pique-nique en forêt du côté de Chagny. Très belle forêt de hêtres.
Paysage à Omont.
Le poisson de Vendresse.
L’Hôtel de Ville de Vendresse.
La descente sur Sapogne et Feuchères.
La halte nautique de Dom le Mesnil.
Au bord du canal à Dom le Mesnil, le jalonnement de la véloroute du canal des Ardennes. Rethel est à 64 km. Par mon itinéraire très vallonnée, j’en ai fait 57 km, mais je ne me suis pas ennuyé, ni n’ai souffert des fesses, le terrain plat en bord de canal, c’est mortel.
Sedan
Le château de Sedan. « Monument préféré des Français » le 13 septembre 2023 dans l’émission de Stéphane Bern. Il est le plus grand château fort d’Europe.
Descente sur Bouillon. A droite, un gigantesque camping de mobil-home.
Descente sur Bouillon. A droite, un gigantesque camping de mobil-home.
Descente sur Bouillon.
Bouillon, vue de ma chambre à l’auberge de jeunesse. Elle se mérite ! 500 mètres à 10%.