Guerre 14-18 – jour 6 – Saint Quentin – Laon – 75 km

Première étape où je suis vraiment sur les traces de mon grand-père Fernand, presque sur la fin de la guerre.

Début avril 2018, la 60e division d’infanterie qui intègre la compagnie 10/13 du 6e régiment du Génie auquel appartient Fernand, est débarquée à La Croix de Saint Ouen, petite localité au sud de Compiègne, et progressivement, jusqu’au 9 août 1918, sa compagnie va se déplacer et effectuer des travaux de Génie, travaux de tranchées et de réparations de route, construction d’abris dans le secteur de Mongérain, Crèvecoeur le Petit, Welles-Perennes, Faverolles, Armancourt

En bleu, le transfert de La Cardine à Vadenay à pied ,
En vert, le trajet en train de Vadenay à La Croix de Saint Ouen
En rouge, la progression en faisant reculer les Allemands jusqu’au franchissement de l’Oise à Neuvilette
En bleu, la mise au repos à Caply

A partir du 10 août, c’est la marche en avant pour faire reculer les Allemands.

Les 10 et 11 octobre, la compagnie avance jusqu’à Neuvilette et Bernot. « Au prix de pertes
cruelles, une passerelle est lancée sur l’Oise et le canal en face de la Neuvilette ».

Le 21 octobre, Fernand, qui a fait son service militaire au 6e Génie d’Angers comme musicien et qui le dit lui-même est « très peu militaire », qui a été mobilisé en tant que brancardier dès le début de la guerre le 2 août 1914, qui est devenu sapeur-mineur, probablement par choix, en juin 1916, est nommé caporal. Probablement à la suite des pertes cruelles pour franchir l’Oise à Neuvillette, deux caporaux sont passés sergent, deux nouveaux caporaux sont nommés.

Mais ce n’est probablement pas la seule raison, le 8 novembre 1918, Fernand est cité à l’ordre de la 60e Division avec entre autres mentions « S’est distingué particulièrement pendant les opérations de franchissement de l’Oise, le 10 et 11 octobre 1918 ».

Voilà ce que dit Fernand sur ces journées d’octobre dans une lettre datée du 13 octobre 1918 :

« Mes chers parents
Il faut réellement que je fasse effort sur moi-même et récupérer tout mon reste de courage pour venir griffonner quelques lignes. Depuis trois jours j’ai vécu des heures qui resteront je le crois mes plus dures de la guerre. Même à Verdun je crois nous n’avons eu à donner un effort semblable. C’est vraiment demander à des hommes le maximum de ce qu’il peuvent donner. Je suis littéralement éreinté et abruti.
Nous voilà pourtant depuis ce matin au repos quoique très peu distant encore des lignes et au milieu de la plaine, sans abri. A part cela je vais bien et il suffirait de quelques jours de repos à l’arrière pour me remettre dispos. Donc tout va bien.
J’ai bien reçu la dernière lettre de maman et le colis beurre dont je vous remercie.
Je vous embrasse
Fernand »

et dans sa lettre du 22 octobre 1918 :

« Mes chers parents
Nous voilà arrivés au repos pour tout de bon cette fois. Sera-t-ce pour une longue durée je n’ose le prédire, mais enfin nous jouissons pour l’heure du calme et de la quiétude dont nous avons un réel besoin.Nous sommes à au moins 80 km des boches dans un petit pays de l’Oise et le son du canon ne nous y parvient pas.
Ce furent vraiment des journées terribles que les dernières que nous avons passées dans l’Aisne. Le «Petit Journal» du 20 ou 19 donne en première page un récit assez bien réel de cet épisode de guerre sous le titre « comment une division réussit à franchir l’Oise ». Ce fut très très dur et le souvenir de ces journées là nous restera en mémoire notre vie entière. Hélas !
Le plus malheureux est que dix d’entre nous sont restés là-bas. Je vous ai dit l’autre jour comment presque en repos et une heure avant de partir un abri sauta et engloutit quatre des nôtres qui avaient eu la chance d’échapper au plus grand danger.
Je puis dire que j’ai de la chance de passer ainsi toujours à travers.
Enfin pour l’instant toujours vous pouvez être tranquille sur mon sort. Nous sommes en sûreté et presque heureux. Nous avons eu la veine de tomber chez une brave bonne femme qui nous fait la cuisine et nous mangeons tous comme des ogres.
Par exemple tout est très bon marché. Le vin 2F90 le litre et le reste à l’avenant. Nous venons de faire un bon marché. Une oie 0F75. Je suis étonné du bon marché. Nous sommes 11. Cela va nous faire un grand repas demain. Arrosé suffisamment de pinard cela passera je crois.
Que voulez vous, il faut vraiment se donner du bon temps quand on peut car vraiment ce sont les moments mauvais qui sont les plus nombreux.
Je vais tâcher de vous écrire demain puisque maintenant j’ai tout mon temps.
Je vous embrasse
Fernand »

 

Ce matin je quitte donc Saint Quentin à 7h50 avec pour objectif d’aller découvrir Bernot et Neuvilette.

Sortie de Saint Quentin par 7 kilomètres de route importante, mais un peu inévitable sans vouloir se rallonger excessivement.

Belle petite route bien vallonnée ensuite pour rejoindre Bernot, puis Neuvilette.

Dans ces deux villages, à part le monument aux morts, rien pour rappeler la guerre de 14.

A Bernot, je vais jusqu’au canal, sans aller jusqu’à l’Oise.

A Neuvillette, je prends la petite route pour rejoindre Origny Sainte Benoîte, traversant successivement le petite canal du Moulin (un ruisseau), le canal de la Sambre à l’Oise, puis l’Oise en arrivant à Origny.

Tout ce coin est un vaste marais, mais si je comprends bien tout ce que j’ai pu lire c’est bien par cette petite route que la 60e Division a gagné de haute lutte le village d’Origny.

Mais j’ai un doute quand je vois la configuration du terrain. Le terrain paraît plus facile en prenant par le pont sur D13, pont qui était probablement détruit, mais de part et d’autre du pont, le terrain parait moins marécageux. Mais ce point était peut-être plus facile à défendre par les Allemands et difficile à attaquer par les Français.

Je reprends ma route, et ce soir, je constate que je me suis trompé lors de l’élaboration de ma trace. En fait, c’était un brouillon pour étudier la faisabilité de faire Saint Quentin à Laon via Neuvilette en une étape, et j’ai oublié de revenir dessus. et je me suis tapé 24 kilomètres de grande route un peu pénible, heureusement par vent arrière, alors que pour 3-4 km de plus, j’aurai eu un itinéraire beaucoup plus tranquille et pas plus de dénivelé.

J’arrive vers 14h à Laon et prend largement le temps de visiter la ville après y être monté par 400 mètre d’une bonne rampe à 12 %. Cela m’a permis d’inaugurer ma plus petite vitesse et j’arrive bien en haut.

Arrivée sur Bernot.

Bernot

Abribus à Bernot.


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Bernot

Bernot

Canal du Moulin à Bernot.

Canal de la Sambre à l’Oise à Bernot.

Canal de la Sambre à l’Oise à Bernot.

Route vers l’Oise à Bernot.

Neuvilette.

Neuvilette.

Canal du Moulin à Neuvilette.

Canal de la Sambre à l’Oise à Neuvilette.

Pont tournant sur le canal de la Sambre à l’Oise à Neuvilette.

L’Oise entre Neuvilette et Origny Sainte Benoîte.

L’Oise entre Neuvilette et Origny Sainte Benoîte. Au fond, on aperçoit l’usine Teréos.

Origny Sainte Benoîte est sur l’itinéraire à vélo de la ScandIbérique de Norvège à Saint Jacques de Compostelle, et le tronçon locale est la véloroute Stevenson en mémoire de la dsecente de l’Oise que fit Stevenson en canoë en 1876.

Un autre bras de l’Oise à Origny Sainte Benoîte.

Origny Sainte Benoîte

Origny Sainte Benoîte

Origny Sainte Benoîte

L’usine Téréos. Plus de 700 camions viennent livrer 20 000 tonnes chaque jour pendant environ quatre mois de septembre à janvier. À l’issue de ces chaufferies, fours et alambics, 2 000 tonnes de sucre, 2 000 tonnes de pulpes et 9 000 hL d’alcool sont produits chaque jour. « Ici est transformé l’équivalent de la production annuelle d’environ 930 coopérateurs réalisée par 330 employés et une centaine de saisonniers »

Plus de 700 camions viennent livrer 20 000 tonnes chaque jour pendant environ quatre mois de septembre à janvier. À l’issue de ces chaufferies, fours et alambics, 2 000 tonnes de sucre, 2 000 tonnes de pulpes et 9 000 hL d’alcool sont produits chaque jour. « Ici est transformé l’équivalent de la production annuelle d’environ 930 coopérateurs réalisée par 330 employés et une centaine de saisonniers »

Le canal de la Sambre à l’Oise à Origny Sainte Benoîte.

Monument aux morts de Sissy. C’est là que j’ai fait ma pause casse-croûte.

Arrivée sur Laon.

L’hôpital de Laon/

L’ancienne abbaye Prémontrée de Saint Martin à Laon.

L’ancienne abbaye Prémontrée de Saint Martin à Laon.

L’ancienne abbaye Prémontrée de Saint Martin à Laon.

Laon.

Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

La cathédrale de Laon.

Porte de Laon.

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Une réponse à Guerre 14-18 – jour 6 – Saint Quentin – Laon – 75 km

  1. BERNARD Michel dit :

    Quelle vie pour des parents d’avoir un enfant à la guerre dans ces conditions épouvantables…

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