Guerre 14-18 – jour 14 – Verdun – Douaumont – Vaux – Verdun – 30 km

Aujourd’hui, journée froide, pas plus de 4°, avec un vent froid, mais sous le soleil.

Excellente journée !

Je n’ai pas du tout eu froid, avec le même équipement que d’habitude, pas plus couvert, mais j’ai moins roulé, je me suis réchauffé au musée-mémorial et dans les souterrains des forts de Douaumont et de Vaux, non chauffés, mais à l’abri du vent.

J’ai commencé la journée par un tour à vélo dans Verdun. Jolie ville.

Je passe notamment Centre Mondial de la Paix, nom qui me paraît un peu pompeux. Le Centre Mondial de la Paix devrait être l’ONU … pas très efficace … mais c’est mieux que rien.

Situé dans le prestigieux palais épiscopal de Verdun, le Centre Mondial de la Paix, des libertés et des droits de l’Homme est un lieu d’expositions et d’événements qui permettra aux visiteurs des sites mémoriels 14-18 une véritable mise en perspective de l’histoire : celle qui mène à l’enchainement de 3 guerres dont deux mondiales et celle qui permet à la France et à l’Allemagne de sortir de ce tourbillon meurtrier pour construire un autre avenir sur le continent européen.

En fait il est fermé pour le renouvellement de leurs expositions, mais en extérieur deux belles et intéressantes expos, l’une sur la République de Weimar, l’autre sur le premier jour de la guerre en Ukraine le 8 mars 2022.

Puis je pars vers Douaumont.

Première halte au fort de Souville auquel j’accède par un petit chemin dans une forêt.

Puis, c’est la visite du mémorial, très intéressante.

Casse-croûte sous un kiosque (il y a des bancs pour s’asseoir, et je suis rejoins par des bacs pro agricole des Côtes d’Armor.

Poursuite vers le fort de Douaumont avec pause au niveau de l’ossuaire.

Visite du fort de Douaumont.

Route vers le fort de Vaux, visite plus rapide, un combat héroïque de plus,

et retour à Verdun, avec quelques photos supplémentaires.

Les 3/4 de l’armée française ont combattu à Verdun.

La 60e division y a combattu deux fois

D’abord en juillet 2016

Le 23 juin, la compagnie quitte le cantonnement de Bouy en camion-automobile et est acheminée par étapes successives jusqu’à Nixéville à une dizaine de kilomètres de Verdun où elle entre le 1er juillet 1916, une partie de la compagnie va cantonner à Bras sur Meuse à 7 km au nord de Verdun, Fernand fait partie de ce peloton.

Pendant 10 jours, la compagnie avec un peloton à Verdun et l’autre à Bras sur Meuse va travailler très durement à faire des tranchées et à aménager des abris sous les bombardements allemands, avec plusieurs morts et blessés.

Dans sa lettre du 5 juillet 1916, Fernand nous apprend incidemment qu’il a changé de métier. Depuis le début de la guerre, il était brancardier et dépendait de l’infirmerie de la compagnie, maintenant il est sapeur « Je suis donc sapeur ainsi que je vous l’ai déjà dit et je pioche et je pelle que j’en ai autant de grosses ampoules que de doigts ».

Passé sapeur très récemment probablement, à l’occasion de ce déplacement sur Verdun, puisque le 9 juillet, 4 jours après, il nous dit « Je suis enchanté de mon nouveau métier. Et déjà je fatigue moins que les premiers jours. Il me semble que je m’ennuie beaucoup moins ».

Une deuxième fois du 14 octobre au 14 novembre 1917

Le 14 octobre, la compagnie, comme toute la division, est transportée par camion à Haudainville (112 kilomètres) et termine à pied (5 kilomètres).
Le 17 octobre, la compagnie rejoint son bivouac au nord de Douaumont (9 kilomètres) sous le feu de l’ennemi.
C’est une période difficile pour la compagnie qui travaille sous les bombardements incessants de l’ennemi qui utilise des gaz asphyxiants. Il y aura de très nombreux soldats et sous-officiers blessés et asphyxiés. Le Commandant de Compagnie est tué par un éclat d’obus.
La 60e Division intervient dans ce secteur après la deuxième bataille de Verdun qui, du 20 août 1917 au mois de septembre 1917, a permis à l’armée française de retrouver ses lignes perdues lors de la première bataille de Verdun en février 1916. En octobre-novembre 1917, il s’agit d’une guerre de harcèlement de part et d’autres sur un front figé.
La compagnie est relevée le 14 novembre et part s’installer le 15 novembre à Heiltz le Maurupt (à 70 km au sud-ouest de Verdun, transport en camion). Elle y arrive un peu plus tôt que l’ensemble de la Division qui arrive à Heiltz l’Evêque le 18 novembre.

Nous savons que Fernand a participé à « cette affreuse corvée de Verdun », mais qu’il ne la subit pas totalement, car il eut la chance de bénéficier d’une permission et d’ « arriver ensuite juste comme ma compagnie était relevée ». On sait qu’au retour de sa permission, il quitte La Roche sur Yon le 18 novembre et arrive à Heiltz le Maurupt le mardi 20 novembre. Depuis le 1er octobre 1917 les permissions sont de 10 jours sans compter les délais de route. Fernand a donc du quitter Douaumont vers le 6 ou 7 novembre.

Nous n’avons pas de lettres conservées pour la période de 1917,
mais 3 lettres pour celles de juillet 1916.

Lettre de Fernand du mercredi 5 juillet 1916

Mes chers parents,
Ah dame cette fois-ci ça y est. C’est la guerre, la vraie. Je n’essaierai pas de vous la décrire. Plus tard peut-être à tête reposée, mais aujourd’hui non.
Du reste celui qui n’a pas vu ne saura pas.
Si un appareil photographique pouvait nous prendre, le cliché vaudrait le coup.
Dans le tas de boue que nous sommes et qu’est chacun de nous nul ne voudrait reconnaître un échantillon de l’espèce humaine, même à l’état préhistorique.
Nous sommes dans un coin que je ne puis vous nommer pour l’instant de peur que ma lettre ne vous arrive, mais que tous les communiqués de ce jour nomment.
Moi qui ait assisté et ai pris part aux attaques de Champagne je dois dire que les horreurs présentes dépassent tout ce que j’avais vu.
Je suis donc sapeur ainsi que je vous l’ai déjà dit et je pioche et je pelle que j’en ai autant de grosses ampoules que de doigts.
Comme j’ai moins d’entraînement que les camarades je fatigue moitié plus et ce n’est pas le moment de rechigner sur le travail. Il s’ensuit que je suis rompu.
De plus (je ne sais s’il faut voir là les méfaits de l’atavisme) c’est extraordinaire comme je prends des bûches. Nous ne sortons bien entendu que les nuits et je peux pas passer sur un mort sans …

lettre non signée – suite disparue …

Lettre de Fernand du vendredi 7 juillet 1916

Mes chers parents,
Si vous saviez comme je suis mal à l’aise pour écrire. Il faut vraiment que j’en comprenne la nécessité.
Nous sommes à Bras petit pays tout à côté de Thiaumont.
Inutile de vous dire que du pays il ne reste pour ainsi dire plus pierre sur pierre. Les plus avantagés ont pu trouver comme abri quelque cave sous les décombres. Mon escouade s’abrite entre les débris d’une grange et je couche avec deux camarades sous un petit appentis qui devait être un machin à cochons.
Inutile de vous dire aussi que nous sommes sans cesse et copieusement canardés. Mais je vous l’ai déjà dit souvent, c’est extraordinaire comme il y a de la place dans l’espace et comme il faut des obus pour blesser les hommes. Jusqu’ici nous n’avons pour notre compagnie qu’un tué et 2 ou 3 blessés.
Chaque soir à la tombée de la nuit nous allons devant faire des travaux de notre métier et nous revenons avant le lever du jour. C’est vous dire que les heures de travail sont rares. Le bombardement est toujours intense. Mais je crois que c’est la pluie qui n’arrête pas qui est notre grande ennemie.
Je dois dire à la vérité que nous, génie, nous n’avons pas le droit de nous plaindre quand nous avons sous les yeux les misères des fantassins. Ce sont eux qu’ils faut plaindre sous tous les rapports. Je me prends quelque fois à bénir ce bon monsieur Mazoyer qui m’a envoyé au 6° Génie.
Je ne veux pas entrer dans les détails qui pourraient faire censurer cette lettre.
Et en cela vous m’approuverez.
Je suis en excellent état physique et moral. Quand je dis physique, je veux parler de ma santé car je n’ai rien de réjouissant pour la vue. J’ai une barbe longue comme ça et suis couvert de boue.
Je suis bien content que papa ait trouvé un aide. Le petit Rebattet était ce qu’il lui fallait. Nous en ferons un bon quincaillier.
En réponse à ma lettre Gabrielle m’a envoyé une lettre très gentille. Je crois que nous nous comprendrons très bien.
Le tir boche sur le patelin et en cet instant à son intensité maximum.
Je vous embrasse
Fernand
J’ai bien reçu avant-hier votre petit colis et hier la lettre de maman. Pour l’un et l’autre merci.
Je ne sais plus si je vous ai déjà recommandé de bien notifier sur les adresses mon prénom Fernand.


Lettre de Fernand du dimanche 9 juillet 1916

Mes chers parents,
Ainsi que chaque matin en rentrant de la fournaise, je venais de casser la croûte avec les camarades et je me disposais à m’allonger voluptueusement sous mon toit à cochon quand je croisai un brancardier qui me demande si je ne pouvais pas lui indiquer un abri pour quelques heures.
Ce brancardier était pitoyable à voir. Haut de 1m50 environ et lourd de quelques 40 kgs il disparaissait sous une couche de boue plus épaisse encore que la mienne.
Devinez qui peut être ce colosse ? Piveteau le chaisier de la rue de Saumur. Il fait partie du 293e RI qui est au même endroit que nous, chose que j’ignorais.
Vous pensez si nous causâmes du pays.
Hélas les nouvelles que nous pouvons actuellement nous communiquer sont bien peu garés. Aujourd’hui encore j’ai un bon grand ami à pleurer. Armand Guilbaud. Il est mort hier. Pauvre, pauvre papa Guilbaud. On me recommande de ne pas ébruiter encore cette mort afin que la nouvelle arrive tout doucement à ces pauvres gens.
Armand Guilbaud était adoré sinon, de tous ceux qui l’approchaient du moins ce qui est beaucoup mieux de tous ceux qui le connaissaient bien. C’était la bonté même et voyez vous, la bonté, c’est la seule qualité qui nous fasse vraiment aimer un homme.
Et puis il faisait tout de façon si simple. Je le regrette bien.
Un autre ami de Mirville est mort aussi ces jours-ci : Guillet, marchand de charbon d’Aizenay.
Quelle chose affreuse mon Dieu que cette extermination qui nous frappe tous les uns après les autres et menace d’être complète.
Aujourd’hui le temps est meilleur. Je viens de me sécher au soleil, puis brosser et laver. Oh bien sommairement. Mais quand même cela fait du bien.
Je suis enchanté de mon nouveau métier. Et déjà je fatigue moins que les premiers jours. Il me semble que je m’ennuie beaucoup moins.
Ce que j’apprécie aussi beaucoup ici, c’est l’absence de journaux. Nous ne savons rien de ce qui se passe. Nous savons que les boches sont devant nous et qu’ils n’avancent point. C’est déjà un bon point. Au contraire les offensives sont presque toutes de notre part. C’est tout ce que je sais. Ça me suffit.
Je vous embrasse
Fernand

Hier soir, après les conditions météo de la journée et les prévisions de Météo France, neige, pluie et vent, j’envisageais sérieusement de mettre fin à mon voyage, il faut savoir être réaliste.

La belle journée d’aujourd’hui, et la relecture des prévisions météo, m’engage à poursuivre. Pas de pluie prévue avant lundi, et les prévisions de neige sont très limitées. Des vents forts … on verra bien …

Demain route vers Nancy !

Verdun

Verdun

Centre Mondial de la Paix

Centre Mondial de la Paix et cathédrale.

Centre Mondial de la Paix

Centre Mondial de la Paix

Centre Mondial de la Paix

Centre Mondial de la Paix

Centre Mondial de la Paix : « Soldat russe, arrête ! Poutine a perdu. Le monde entier est avec l’Ukraine ! Reviens sans sang sur les mains »

Centre Mondial de la Paix

Verdun

Verdun. Au pied de la citadelle.

Vers le fort de Souville.

Vers le fort de Souville.

Le fort de Souville.

Le mémorial de Douaumont.

Le mémorial de Douaumont.

Le mémorial de Douaumont. Casque de soldat allemand. Fernand en avait envoyé un à se parents par colis. Bien arrivé à La Roche sur Yon, il l’a détruit en 1940 quand les allemands ont occupé La Roche sur Yon. Il en a conservé la pointe et l’écusson en cuivre qui font aujourd’hui partie des « trésors familiaux ».

Casque « Adrien » porté par les soldats du Génie après 1915. L’écusson dépend de l’arme, cavalerie, infanerie, artillerie, …

Le soldat français en 1915.

Les bandes molletières … à la Saint Sylvestre 1916, Fernand écrit : « le gourbi un peu vide est plus visité par les rats et ils s’en donnent à cœur joie. Figure-vous que cette nuit ils ont boulotté ma bande molletière. Je n’exagère pas, ils me l’ont coupé en deux et m’en ont laissé qu’un mètre. Pour ce qui est de l’autre mètre je ne sais pas s’ils l’ont digéré, en tous cas je ne sais par quel trou ils ont pu l’emmener et il n’en est plus trace. Vous n’imaginerez jamais le vacarme qu’ils font et les cris qu’ils poussent. »

L’as de carreau, recto.

L’as de carreau, verso.

Matériel de télécommunications pendant la guerre de 14.

Le brassard du personnel médical, médecins, infirmiers brancardiers. d’août 1914 à juin 1916, Fernand était brancardier avant de faire le choix de devenir sapeur-mineur.

La mallette d’infirmerie.

La remorque porte-brancard, jolies roues de vélo !

Cuisine roulante.

Chasuble d’aumônier, réversible selon la célébration.

L’ossuaire de Douaumont.

L’ossuaire de Douaumont.

Entrée dans la première enceinte du fort de Douaumont.

Fort de Douaumont.

Fort de Douaumont.

Fort de Douaumont. La tourelle du canon de 155 mm avec sons système permettant de la faire monter pour tirer et redescendre après le tir por la mettre à l’abri.

Fort de Douaumont, puits pour descendre dans les galeries inférieures.

De Gaulle, blessé à Douaumont, cité à l’ordre de l’armée.

Le bilan de la guerre.

Le bilan de la guerre. 30 % de tués dans l’infanterie, et environ 7% dans les autres armes, cavalerie, artillerie et génie. Pertes supérieures pour les officiers dans toutes les armes, sauf dans l’infanterie où cela reste à 30%.

Fort de Douaumont.

Stèle à la mémoire du village détruit de Fleury devant Douaumont.

Fort de Vaux. Le bureau du commandant du fort.

L’infirmerie du fort de Vaux.

La chambre du commandant du fort.

Le drame du Fort de Vaux, par son commandant lors de la reddition du fort.

Verdun.

Verdun.

Verdun

Verdun.

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